La soirée d'ouverture d'Ars Musica, le 8 avril, s'inscrit sous le signe de l'excès : Champ d'Action présentera deux oeuvres de Raphael Cendo (en portrait croisé avec Mauro Lanza), l'orchestre de la VRO jouera l'Audiodrome de Fausto Romitelli, et nous reprendrons, en version concert, la dernière partition du même compositeur :An Index of Metals, opéra-vidéo conçu avec Paolo Pachini. | Peu avant sa mort (il y a quatre ans), Romitelli et son ami Paolo Pachini réactivaient avec An Index of Metals, video-opera, le rêve d'un art scénique total (une fournaise des sens, disaient-ils, un rite initiatique) à la manière futuriste : rythmes et éclats de la lumière frappant les métaux, poèmes de fer et de chrome chantant l'immersion dans la matière, musique mixte (acoustique-électrique) vivement amplifiée, filtrée, spatialisée, de la manière la plus artificielle possible... A une poétique de l'anamorphose et de la distorsion, qu'il avait héritée de ses grands frères spectraux, Romitelli attachait un nouveau mot d'ordre qui allait bientôt faire fureur : saturation.
An Index of Metals témoigne robustement de cette volonté de démesure : orchestration brûlante, électrique et psychédélique; voix qui joue des effets, murmure dans la réverbération, ricane dans un mégaphone, hurle à la manière des pop stars... Mais cela n'est pas tout. Quelque chose de plus funèbre et de plus dissolvant s'en dégage : une mélancolie féroce, et comme l'écho d'un long pleur gnostique face à la chute des âmes. Index of Metals est saturé, d'abord et avant tout, par ce madrigalisme de la chute : glissement infini de toute mélodie vers le grave, de toute harmonie vers sa dissolution, de tout timbre vers son usure et son bruit.
Tout cela, néanmoins, filtré par la plus raffinée des oreilles : Romitelli était, essentiellement, un harmoniste. Gageons que cette version musicale d'Index, pour l'ouverture du Festival Ars Musica, confirmera toute la richesse de ce "poème électrique" de cinquante minutes.
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