vivier, fafchamps, mochizuki
samarkand
Bruxelles, Flagey, le 25 septembre 08 |
Gand, Handelsbeurs, le 27 septembre
Claude Vivier : Samarkand pour quintette à vent et piano
Misato Mochizuki : Lagunes pour quintette à vent et piano
Jean-Luc Fafchamps : A Garden pour quintette à vent
Van Bockstal, Schmid, Descheemaeker, Noyen, Van Duffel, Fafchamps.
Concert pour quintette à vent et piano. "Je crois que le génie de Vivier est tout d'abord fondé sur son éducation catholique et sur sa connaissance de la psalmodie d'église et du chant grégorien", en disait Ligeti. "En somme, il s'agit d'un monde mélodique homophone, fixé sur la fabrication de timbres". Mélodies naïves, obstinées, tendues vers l'avant, longs filins incantatoires jetés sur des piliers d'accords vibrant comme des cloches (Ligeti désignait encore le style de Vivier par ces mots : du Super-Messiaen) : c'est le beau et rare Samarkand de Claude Vivier.
Tout autre obstination chez Mochizuki, qui polit d'oeuvre en oeuvre le secret d'un "perpetuum mobile" en demi-teintes, d'un murmure que rien n'arrête, habité d'un swing suspendu et coloré d'un humour têtu. Le flux de sa musique semble traverser les mille paysages d'un pays transparent, en y goûtant les mille saveurs du Neutre. Un accord de deux notes, un glissando de trompettes, un frémissement de percussion - autant de chimères que fait surgir son oreille exigeante et délicate, pour se métamorphoser aussitôt comme nuage au printemps. On est loin, chez cette compositrice japonaise, des évocations du théâtre Nô qui ont fait les beaux jours des festivals Orient-Occident; on pense plutôt à François Jullien et son Eloge de la Fadeur, "qui seule peut donner lieu à la variation la plus riche, au déploiement le plus lointain".
Au même programme, les cinq fleurs vénéneuses du Garden de Jean-Luc Fafchamps (qui tiendra par ailleurs le piano) - au sujet duquel Jacques Amblard écrivait ceci dans Le Monde de la Musique : "Le compositeur parle "d'ésotérisme et d'humour noir" dans sa musique. On ressent bien ici le second de ces éléments (...) dans ces sonorités graves et grinçantes, ces montées cancanantes du cor anglais ou barrissantes du cor. Le dernier mouvement accentue encore, mais sans lourdeur, ce "devenir animal", comme eût dit Deleuze, des instruments. Fafchamps parvient à préserver l'impression d'un ordre mystérieux dans les cacophonies les plus joyeuses. On ressent toujours la présence souterraine d'un "maître du jeu", un soupçon de stravinskisme. Voilà un style réellement très original et très maîtrisé, poétique et drôle, et en tout cas une excellente surprise."