Michaël Levinas : Les Désinences
2014, for piano, transducer, electronic keyboards
Tristan Murail : Atlantys | Vision de la Cité Interdite
1984, fro two synthesizers DX7
CAST
Jean-Luc Fafchamps piano, sampler
Jean-Luc Plouvier sampler
Sylvain Cadars sound & digits
Les Désinences : this Levinas’ score calls to mind the 17th century baroque suite (Louis Couperin), so varied are its episodes and so unleashed is its rhythm. His semi-consonant moving harmony conjures up the last works of Ligeti: the delicate polyphony of the pianist’s hands, the ambiguity and wiliness of the skills brought to bear, harnessing the full range of the pedal’s effects, twisting the harmony, encouraging the chords to ‘mutate’. As yearned for by Chopin and Debussy, the piano ceases to be an instrument characterised by notes, different kinds of attack and isolated sounds. It is transformed into an instrument of air and water, all ripples and slides: a realm of ‘inflections’.
“I wrote a score comprising highly intricate cumulative effects, poised between the acoustic piano and several sampled pianos played on two MIDI keyboards, producing arpeggio chord progressions that develop via micro sliding movements between the two keyboard players. [...] The music’s instrumental performance styles may call to mind both organ playing and the flowing movements of jazz. The chords are sculpted and sometimes twisted at the very core of the resonance and spectrum. It is also reminiscent of a Dali painting – but without being my source of inspiration or my point of reference.” (Michael Levinas)
Les Désinences (2014) van Levinas herinnert aan de 17e-eeuwse baroksuite (Louis Couperin) dankzij de verscheidenheid aan delen en vrijheid in de frasering.
De semiconsonante harmonie in beweging roept dan weer de laatste werken van Ligeti op: subtiele polyfonie in de handen van de pianist, ambigu en geslepen, met pedaaleffecten die de harmonie en akkoorden verbuigen.
De piano is niet langer het instument van de noot, de aanval, de afzonderlijke klank. Net zoals Chopin en Debussy het hadden voorspeld, ontpopt de piano zich tot instrument van lucht en water, golvend en vloeiend. De componist slaagt er zelfs in ‘tranen van klank’ op te roepen: een wereld van désinences of ‘verbuigingen’.
Voici du Levinas chimiquement pur : une merveilleuse oreille (ou une oreille pour le merveilleux), une inquiétude historique, et la plus parfaite extravagance.
Les Désinences (2014) évoque la suite baroque du XVIIe siècle (Louis Couperin) par la variété de ses épisodes et la liberté de son phrasé. Son harmonie en mouvement, semi-consonante, évoque par ailleurs les dernières oeuvres de Ligeti : la polyphonie subtile des mains du pianiste, ambigüe et rusée, jouant des effets de la demi-pédale, tord l’harmonie et fait “muter” les accords. Le piano cesse d’être l’instrument de la note, de l’attaque, du son isolé : comme l’avaient déjà rêvé Chopin et Debussy, il se métamorphose en un instrument d’air et d’eau, tout en ondulations et en glissements — le compositeur va jusqu'à évoquer les "larmes du son" : un monde de “désinences”.
Michael Levinas :
Le piano a toujours été pour moi un monde sonore initiateur de l’imaginaire. J’ai aimé depuis ma plus tendre enfance aller écouter ces sons près de la caisse de résonance et je rêvais alors d’espaces infinis ou des ogives gothiques, ce que je désigne du nom de piano-espace. Le clavier est la plus vieille interface de l’histoire européenne avec ces touches à deux niveaux si adaptées à la main et à la virtuosité. Le piano moderne est entièrement structuré sur le tempérament égal mais si on veut bien écouter chaque son du piano, il est possible de percevoir la structure de l’enveloppe qui imprime une sorte de désinence.
Après avoir écrit dans les années 80 le Concerto pour un piano-espace, je me suis mis à travailler sur des polyphonies d’échelles micro-intervalliques entre plusieurs pianos accordés à des tempéraments différents , provoquant des battements et un sentiment de vocalité du son.
C’est ce que l’on peut entendre dans différentes pièces des années çà ; notamment dans Rebonds (1992), Par delà (1994), mon opéra Gogol (1996). Certes,, le tempérament égal du piano implique une échelle chromatique. J’appelle cela des invariants. Dans la pièce qui sera crée à la Meije, j’ai réalisé une polyphonie entre un piano acoustique et deux claviers midi reliés à l’ordinateur et un échantillonneur utilisant un logiciel micro-tonal.
Ayant, grâce à l’informatique, sculpté les désinences naturelles des sons de piano échantillonnés, accentué les transitoires d’attaques de l’instrument et les harmoniques, ayant crée des échelles qui se détempèrent progressivement, j’ai écrit une partition constituée par des superposition très complexes entre le piano acoustique et les multiples pianos échantillonnés joués sur deux claviers midis ; il en résulte des grilles d’accords arpégés qui évoluent par micro-glissements entre les deux claviéristes.
Ce qui est profondément instrumental pour moi dans cette pièce, c’est la composition avec des invariants, des hauteurs fixées qui permettent un retour de par la stabilisation abstraite des hauteurs (comme dans le clavier bien tempéré) à la notation et donc à une écriture qui puisse être transmise par le signe, symbole musical, à l’interprète. Les modes de jeux instrumentaux de cette pièce peuvent rappeler à la fois les techniques de l’orgue et les glissements du jazz. Les accords sont sculptés et parfois tordus au cœur même de la résonance et du spectre. Cela m’évoque aussi la peinture de Dali — mais ce n’est ni mon inspiration ou ma référence.
Agenda for this project
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Thu 15.03 Les Désinences (Levinas, Murail) Théâtre de la Renaissance - Lyon - France
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Thu 05.07 Les Désinences (Michael Levinas) Festival Des Forêts - Compiègne - France
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Michael Levinas : Les Désinences
for piano and electronic keyboards, 2014
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