PROGRAMME
Misaël Gauchat Le Cinquième Elément
for flute, clarinet, violin, cello
Franco Donatoni Nidi
for piccolo
Claude Vivier Pièce
for violin and clarinet
Enno Poppe Haare
for violin
Fausto Romitelli
Domeniche alla periferia dell'impero #2
for flute, clarinet, violin, cello
CAST
Chryssi Dimitriou: flute
Sinouhé Gilot: cello
Hugo Ranilla: violin
Tomonori Takeda: clarinet
PRODUCTION
Opéra de Lille (« Concerts du mercredi »)
A classical ensemble – flute, clarinet, violin, cello – unfolds in varied combinations.
Young composer Misaël Gauchat sets the tone with the title of her quartet.
A new quality of matter haunts contemporary musical production, as complex as ‘noise’, yet laden with expression and history.
Turn on your pocket torch and head off in search of the Fifth Element. Opéra de Lille.
Een klassieke bezetting — fluit, klarinet, viool, cello — die verschillende vormen aanneemt.
Met de naam van haar kwartet verklapt de jonge componiste Misaël Gauchat wat ze wil.
De hedendaagse muziek verrijken met een extra kwaliteit, complex als “geluid”,
maar toch bulkend van expressiviteit en rijk aan geschiedenis.
Steek je zaklamp aan en ga mee op zoek naar het Vijfde Element.
In de opera van Lille.
Une formation classique — flûte, clarinette, violon, violoncelle — se décline ici en combinaisons variées.
Avec le titre de son quatuor, la jeune compositrice Misaël Gauchat donne le la.
Une nouvelle qualité de matière hante la production musicale contemporaine, complexe comme du « bruit »,
et pourtant chargée d’expression et d’histoire. Allumons nos lampes torches, partons en quête de ce Cinquième Elément.
À l’Opéra de Lille.
NOTE DE PROGRAMME
Le passage de la musique classique à la musique contemporaine n’est pas affaire de dissonance, ou de style « atonal », ni même de « complexité ». C’est une affaire d’éléments. À l’instar de la physique aristotélicienne et ses quatre éléments, les théoriciens ont toujours reconnu quatre « paramètres » constitutifs de la musique : la hauteur (note aigüe ou grave), la durée (longue ou courte, qui définit le rythme), l’intensité (volume fort ou doux), et le timbre (pour expliquer ce dernier terme, une « encyclopédie en ligne des 8-13 ans », le site Vikidia, convoque la question de la luminosité : « le timbre d'un violoncelle est plus sombre que celui d'un violon »). Et rien de cela n’est faux. Et tout se dispose dès lors en catégories satisfaisantes, installant dans la pensée la même impression d’ordre que lorsque l’œil contemple une partition, où l’on sait que chaque événement sonore est comme encapsulé dans sa petite boule noire ou sa petite boule blanche. Mais que se passe-t-il lorsqu’on regarde la représentation d’un signal audio sur l’écran d’un ordinateur ? Là, tout change radicalement d’allure, et l’on réalise soudainement ce qu’on savait déjà sans s’être autorisé à le dire : chaque sonorité, qu’elle soit musicale ou non, aussi douce et pudique soit-elle, est un petit espace-temps à elle toute seule, un complexe paysage en mouvement, traversé de tempêtes et de tremblements de terre. Et voilà que, dans notre catégorisation modernisée, vient à présent se ranger un cinquième élément, qui rétro-agira sur l’idée que nous nous faisions des quatre autres : l’énergie.
L’énergie est ce qui module incessamment le fait sonore, et le rend aussi insaisissable que la trace d’un rêve. Gérard Grisey (1946-1998), à la fois le continuateur et l’enfant rebelle de la tradition musicale française, auquel Fausto Romitelli a dédié le quatuor Domeniche alla periferia dell'impero que nous jouerons ce soir, prétendait aspirer fondamentalement à une qualité de musique qu’il disait « liminaire ». Le « limen », en latin, désigne le seuil (comme le « limes » désignait la frontière du monde romain antique, soit la « périphérie de l’empire »). Une musique liminaire est une musique qui jouit de se tenir sur le seuil. Il ne s’agit plus de dresser un tableau mental où l’on range le son pur d’un côté, et le bruit de l’autre, mais de jouer des mutations incessantes de l’un en l’autre, comme dans les récits de la mythologie ou de la science-fiction. L’interprète de musique n’est plus seulement celui qui met le meilleur de son âme dans son chant, il est aussi devenu ce travailleur du clair-obscur qui sculpte les passages et les changements d’état : du clair au strident, du rythme dansant au battement de cœur organique, du souffle au cri, de l’accord parfait à la texture indémêlable, du jaillissement dynamique à la stupeur immobile — en aller-retours, inlassablement.
Et peut-être s’imagine-t-il alors, cet ami des seuils, reprendre contact avec une source très ancienne, très archaïque, comme un secret qu’on aurait perdu — qui sait ? Bon concert à tous !
Agenda for this project
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Wed 04.03 Le Cinquième Elément Opéra - Lille - France