9.03 + 10.03.2012:
This is not a pop song
Oscar Bianchi : Lullaby
Alexander Schubert: Interception
Morten Olsen: No Heavy Trucking (after Kenneth Higney)
Benjamin De La Fuente: Bypass
Frédéric Pattar: This is not a crescendo
Clinton Mc Callum: April Eighteenth 1993, Waco, Texas
Hikari Kiyama: Kurt Schwitters
Fabian Fiorini: Billowing Clouds
Ictus
Michael Schmid, voice/speaker/contrabass flute
Dirk Descheemaeker, clarinet/sax
Tom Pauwels, electric guitar
Géry Cambier, bass guitar
Jean-Luc Plouvier, keyboard/Fender Rhodes
Gerrit Nulens, drums
The New Silence
Johnny Chang, viola
Koen Nutters, double bass
Morten Olsen, gran cassa
Première van een performance project van Ictus rond een ‘band’-bezetting met stem, klarinet/saxofoon, elektrische gitaar, basgitaar, keyboard en drums. Een zorgvuldig geselecteerde groep componisten, muzikanten en performers – sinds kort of lang verbonden met het ensemble – zijn gevraagd om een kort ‘statement’ te produceren; een stuk muziek met de lengte van een popsong....
Kaaistudios (copresentatie van Kaaitheater, Bozar, Ars Musica en Ictus), Brussel
« Depuis que je suis né, je baigne dans les images digitalisées, les sons synthétiques, les artefacts. L’artificiel, le distordu, le filtré – voilà ce qu’est la Nature des hommes d’aujourd’hui », écrivait Fausto Romitelli (1963-2004), un compositeur que Claude Ledoux a mis à l’honneur dans cette édition d’Ars Musica. La mise en contact des harmonies mutantes du spectralisme et de l’expressivité violente du rock psychédélique, tentée et réussie avec brio par Romitelli durant sa trop courte vie, autorise en effet à le situer en plein coeur de la problématique soulevée par cette programmation : celle d’une altérité féconde, d’une rencontre de l’art musical occidental avec des éléments hétérogènes.
Mais son appel explicite à un art visionnaire, obsessionnel et violent (je choisis les mots les plus modérés qu’on puisse trouver sous sa plume), sa prise en compte, tour à tour dégoûtée et fascinée, de la communication de masse et de la brutalité de son impact, éloignaient d’emblée le compositeur milanais des discours oecuméniques dont il avait pressenti la levée, et qui ont aujourd’hui force de loi. L’altérité était chez lui altération. La rencontre : traumatisme. Et l’autre : Alien, monstre, virus. Il ne pensait pas la musique pop en partenaire aimable, dont la proximité aurait été promesse de tendres réconciliations, mais comme le facteur X d’une opération à l’issue incertaine. Du son sublime au son sale, de l’accord plein à l’accord saturé, de la phrase qui soulève l’âme à celle qui soulève le coeur, de l’écriture à son déchet, il n’y a que le temps d’un battement de paupières. Mais l'oreille n'a pas de paupières - ce qui fait de l'art musical, de tous, le plus terrible.
C’est à partir de l’expérience bouleversante de l’oeuvre romitellienne que nous avons conçu l’idée de ce concert, expérimental au sens strict - un concert en forme d’hypothèse : proposer à une série de compositeurs de s’emparer de l’instrumentarium de base du groupe pop - voix, guitare électrique, basse, batterie, saxophone et clavier, sans leur imposer aucune autre contrainte que d’en déployer la sonorité propre - cette Nature dévoyée qu’évoquait Romitelli - et de laisser cette sonorité intoxiquer leur écriture.
Nous avons engagé, en partenaires de l’ombre, l’étrange trio de musiciens du New Silence, dont les improvisations minimalistes traverseront tout le concert comme une vapeur : elles commenceront bien avant l’entrée du public et se termineront après sa sortie. Leur bruit de fond remplacera le silence - cette joie sans objet que nous n'arrivons plus à nous payer, ce silence aboli que seule la musique, soudain, nous restitue.
Mars 2012