Morton Feldman
Triadic Memories
for solo piano, 1981, 80'
Jean-Luc Fafchamps
piano
Youtube post on this page:
the first Fafchamps version for SubRosa, 1990.
Jean-Luc Fafchamps plays Morton Feldman
Every musician spends his life chasing a certain score, or so they say, a Beethoven sonata, or a page by Schumann, which holds endless secrets, to which you return, much as you would to a source, to quench your thirst. Morton Feldman’s Triadic Memories – “probably the largest butterfly in captivity”, as he famously said – has the same impact on Jean-Luc Fafchamps.
In the Brigittines.
Voor elke muzikant is er wel een specifieke partituur waarnaar steeds wordt teruggegrepen om zich te herbronnen, of het nu een Sonate van Beethoven is of een werk van Schumann. Voor Jean-Luc Fafchamps geldt Triadic Memories van Morton Feldman als dat pianowerk dat aan de oorsprong ligt van zijn muzikale identiteit.
Triadic Memories is zonder enige twijfel het meest mysterieuze, het meest minimalistische en het meest ongrijpbare werk van de oude sfinx uit New York. En om het met de woorden van de componist te zeggen: het is de ‘grootste vlinder’ die hij ooit in zijn toverlantaarn heeft gevangen. In 1990 nam de toen dertigjarige Fafchamps een memorabele versie op voor het label SubRosa die hij 20 jaar later confronteerde met een nieuwe opname. Tijdens dit concert zal hij zich opnieuw verdiepen in de onuitputtelijke kracht van het werk in fase met de ondoorgrondelijke kunst van Feldman: het vinden van de juiste dosering tussen ‘hetzelfde’ en ‘iets anders’, op de rand van het hoorbare.
Chaque musicien court toute sa vie après une certaine partition, telle Sonate de Beethoven, telle page de Schumann,
dont les secrets sont la source fraîche à laquelle il revient sans fin couper sa soif.
Triadic Memories de Morton Feldman agit pour Jean-Luc Fafchamps comme ce sésame pianistique.
Triadic Memories est assurément la plus mystérieuse, la plus économe, la plus insaisissable de toutes les œuvres du vieux Sphinx new-yorkais — et le « plus gros papillon » que le compositeur a jamais capturé dans sa lanterne, selon ses propres mots. A l’âge de 30 ans, en 1990, Fafchamps en enregistrait une version anthologique pour le label SubRosa, qu’il remit totalement en question 20 ans plus tard par un nouvel enregistrement. Il en méditera les inépuisables ressources une fois de plus lors de ce concert, toujours en phase avec l’insondable art feldmanien : faire clignoter le « même » et le « différent » sur le fil du silence.
MORTON FELDMAN en entretien
#1
Je ne crée pas de la musique ; elle est déjà là et je suis en conversation avec mon matériau, vous voyez. Je ne suis pas comme Karlheinz Stockhausen : « Ici, mes amis, je vous donne... » C'est un grand homme, comme Schweitzer, qui joue de l'orgue, qui joue du Bach sur son orgue pour les sauvages en Afrique. Bon. Ce n'est pas le sentiment que j'ai de moi-même. Vous savez, nous avons eu une drôle de conversation. Stockhausen voulait connaître mon secret : « C'est quoi, ton secret ? » ; et je lui réponds : « Je n'ai pas de secret, mais si j'ai vraiment un point de vue, c'est que les sons ressemblent beaucoup aux individus. Si tu les pousses, ils te pousseront en retour. Donc, si j'ai ai un secret, c'est qu'il ne faut pas harceler les sons ». Karlheinz se penche vers moi et dit : « Pas même un tout petit peu ? »
#2
Je suis toujours bouleversé par un tapis d'un petit village turc, constitué de motifs de carreaux blancs dans une répétition en diagonale de grandes étoiles, tout cela dans des tons plutôt légers de rouge, vert et beige. Ce tapis primitif a été conçu au même moment où Matisse achevait sa formation artistique. Regardez : chaque élément de la coloration du tapis et la manière dont les étoiles sont brodées très en détail lorsque le rectangle du carreau est conforme, puis la manière dont l'étoile est plus baclée, comme si c’était fait plus vite, lorsque le carreau est inégal et un petit peu plus petit – tout cela évoque Matisse et sa maîtrise de l'équilibre entre mouvement et statisme.
Pourquoi se fait-il que même l'asymétrie doive paraître et sonner juste ?
Il y a a un autre objet tissé anatolien sur mon plancher, auquel j’ai donné le surnom de « tapis Jasper Johns ». Ce tapis a un format mystérieux en forme d'échiquier, sans systématisme apparent dans le dessin, à l'exception du libre usage de la couleur, qui répète son unique motif. Ma première intuition, provoquée par la vue des montagnes brillantes de la région de Konya, avec ses vieux roses, ses bleus clairs, était qu'il y avait là quelque chose que je pourrais apprendre, si ce n'est appliquer à ma musique.
#3
Pour que l'art réussisse, son auteur doit échouer. Combien de fois ai-je ressenti, à l'écoute d'une oeuvre de John Cage, un sentiment de regret, ou de perte de son créateur ? Quand nous nous retrouvons face à face à l’issue d’un de ses concerts, j'aimerais vraiment lui dire : « Permets-moi de te présenter mes très sincères condoléances » ; au lieu de quoi, je lui dis : « Atlas Eclipticalis, ce fut une des expériences les plus palpitantes de ma vie ».
Agenda for this project
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Thu 07.03 Triadic Memories Brigittines - Brussels - Belgium