PROGRAM
Joanna Bailie (°1973)
The Place You Can Hear, Place du Théâtre, Lille (2017) ;
Symphony Street Souvenir (2009/2014)
Jean-Luc Hervé (°1960) | Astrid Verspieren
Germinations (2013), art installation and concert for ensemble, vegetal and electronic materials
Sound design : Ircam
The Breathcore
(Michael Schmid | Christiane Huber)
Fumiyo Ikeda (°1962) | Morton Feldman (1926-1987)
Piano and String Quartet (1985)
for dancer, piano and string quartet
Terry Riley (°1935)
Rainbow in Curved Air (1967/68)
new version for two synths, e-guitar, clarinet, percussion & electronics
CAST
Choreography, dance : Fumiyo Ikeda
Conductor : Georges-Elie Octors
Beathcore : Michael Schmid, Christiane Huber, Lilloises&Lillois
Violins : George van Dam, Igor Semenoff
Viola : Aurélie Entringer
Cello : Geert De Bièvre
Piano, synthesizer : Jean-Luc Fafchamps, Jean-Luc Plouvier
E-Guitar : Kobe Van Cauwenberghe
Percussion : Gerrit Nulens
Clarinets : Carlos Galvez, Dirk Descheemaeker
Trumpet : Estibaliz Collado Castillo
Horn : Rozanne Descheemaeker
Sound : Alexandre Fostier
Light : Caspar Langhoff
Stage : Wilfried Van Dyck
Production
At last, then, I am allowed to refresh myself in a bath of darkness! (Charles Baudelaire)
An initiation, a ritual itinerary - in Opéra de Lille, transformed to a nocturnal garden.
City noise is being processed in real time into melancholic melodies in the work of Joanna Bailie, in ‘Germinations, Jean-Luc Hervé explores the sound of budding vegetation, While she dances Fumiyo Ikeda listens to the endless sound combinations of Morton Feldman. In the dead of night the concentration is abandoned into a bacchanal of sound with a thousand colors in Terry Riley’s ‘Rainbow in Curved Air’. You leave the Opéra as another person...
IN A FEW WORDS
BAILIE: THE PLACE YOU CAN HEAR
The computer, in real time, filters sounds from outside and passes them through musical harmonies.
— OK, but is it still mus...
— Shush! Listen!
BAILIE: SYMPHONY STREET SOUVENIR
Imitating nature? — No. Reinventing the world? — Not that either.
Catching the sound of the world, then, and resynthesizing it as though you were telling someone a dream? — You’re getting hot.
HERVE/VERSPIEREN: GERMINATIONS
Burgeoning music that’s coming into bud, like life itself; to the extent that, at the very end, it wants to escape from the concert hall. The doors open, revealing Astrid Verspieren’s plant installation: the walk begins.
SCHMID/HUBER: BREATHCORE
Michael Schmid and Christiane Huber describe this group work about breathing as “Non-verbal communication”, considered to be the number one human strength.
FELDMAN/IKEDA: PIANO & STRING QUARTET
A piano, a string quartet and the “sixth musician”: a dancer. Everything is repeated — unless, that is, that nothing is ever repeated. In the words of the Rabbi Nachman of Breslov “Don’t ever ask your way to someone who knows it. You run the risk of not getting lost”.
TERRY RILEY: RAINBOW IN CURVED AIR
Pop or classical? Written or improvised? Static or lively? Things couldn’t be more ambiguous; midnight must be just round the corner.
BREATHCORE
BREATHCORE is a choir exploring modes of collectivity through the practice of breathing.
Breath is archaic and contains a wide spectrum of characteristics - tactile, sonic, vibrational. Performers let their breath resonate and create a field of blurred respiratory noisescapes. Their individual breath signatures interact, barely detectable, creating an atmosphere of diluted presences. BREATHCORES are without conductor or score and vary in format and form. Rehearsals and public moments are researching synchronization-processes, skill-sharing and non-verbal communication. Each BREATHCORE becomes a unique momentary snapshot of the group’s collective qualities.
(Michael Schmid | Christiane Huber)
PIANO & STRING QUARTET
This “chamber dance” performance leads us into the heart of Morton Feldman’s art (1926–1987): an 80-minute work for piano and strings, radiating a quiet halo of light, where “every something is an echo of nothing”.
The dancer-cum-choreographer Fumiyo Ikeda shares the same space as her fellow performers, the instrumentalists, as if she were a sixth musician. No stage set, no backstage, no frills: everything is laid bare. The “imprecise repetitions” of Ikeda’s movements are tantamount to a gentle creation of spatial sculpture, a temporal phenomenon, in common with Feldman’s music. The audience is out of its depth with this interweaving of the familiar with the unpredictable, where memory becomes unfocused, goes astray, and in the end agrees to succumb.
Een initiatie, een ritueel parcours - in de tot nachttuin omgevormde Opéra de Lille.
Met het werk van Joanna Bailie worden de geluiden van de stad in real time verwerkt tot melancholische melodieën, Jean-Luc Hervé verkent met ’Germinations’ de klank van de ontkiemende plantenwereld, Fumiyo Ikeda luistert al dansend naar de eindeloze klankcombinaties van Morton Feldman. Diep in de nacht wordt de concentratie opgegeven in een klankenbacchanaal met duizendvoudige kleuren van Terry Riley’s 'Rainbow in Curved Air'. Je verlaat de Opéra als een ander.
In het kort
BAILIE : THE PLACE YOU CAN HEAR
Externe geluiden worden in realtime gefilterd door de computer en daarna boven muzikale akkoorden gezet.
— OK, maar is dit dan wel nog muz…
— Shhht! Luister!
BAILIE : SYMPHONY STREET SOUVENIR
De natuur imiteren? — Fout! De wereld heruitvinden? — Ook niet!
Het geraas van de wereld opnemen dan, en dit geluid opnieuw samenstellen, zoals iemand die een droom zou navertellen? — Bijna…
HERVE/VERSPIEREN : GERMINATIONS
Muziek, ontluikend zoals het leven zelf. Op het punt om de concertzaal te willen ontsnappen aan het eind. Dan openen de deuren en onthult zich de plantaardige installatie van Astrid Verspieren: de wandeling kan beginnen.
SCHMID/HUBER : BREATHCORE
« Non-verbale communicatie », zegt Michael Schmid zelf over dit collectieve ‘adem’-werk. Adem, een van de eerste verworvenheden van de mensheid.
FELDMAN/IKEDA : PIANO & STRING QUARTET
Piano. Strijkkwartet. en een « zesde muzikant »: een danseres. Alles herhaalt zich — tenzij niets zich herhaalt. « Vraag nooit de weg aan iemand die ze kent. Je riskeert om niet te verdwalen », zei de rabbijn Nachman de Breslev.
TERRY RILEY : RAINBOW IN CURVED AIR
Pop of klassiek? Gecomponeerd of geïmproviseerd? Onbeweeglijk of juist hyperkinetisch? De ambiguïteit wordt hier ten top gedreven. Middernacht kan niet veraf meer zijn…
Enfin ! il m'est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres !
Charles Baudelaire
M’étant penché en cette nuit à la fenêtre, je vis que le monde était devenu léger et qu’il n’y avait plus d’obstacle. Tout ce qui nous retient dans le jour semblait plutôt devoir me porter maintenant d’une ouverture à l’autre à l’intérieur d’une demeure d’eau vers quelque chose de très faible et de très lumineux comme l’herbe.
Philippe Jaccottet
De 20 heures à minuit, le 3 février 2017, l’Opéra de Lille et Ictus vous convient à un concert à épisodes : un long parcours initiatique dans un Opéra transfiguré en jardin de nuit.
Comme c’est étrange... Après avoir perdu le sens des contours, la sensation s’affine. Elle redécouvre un temps sans exaspération : le temps de la promenade. Ce que tantôt nous appelions « musique » apparaît désormais bien plus vaste : du son du violon jusqu’au rythme des haleines ; des grillons électroniques aux bruits de la rue ; du balancement inlassable de la répétition à la poussée vitale de la croissance des plantes.
Bienvenue au liquide, au venteux, au végétal ... à toute une météorologie de la fraîcheur où se proclame sans mots qu’écouter de la musique, c’est toujours avant tout ouvrir la fenêtre, laisser entrer l’air du lointain. Car soudainement, l'intérieur et l'extérieur semblent devenus poreux ; la pellicule qui les distinguait encore ce midi s'est dissipée : le jardin sonore est-il de notre domaine ou appartient-il au dehors, mêlé au paysage où il s'inscrit ? La soirée flottera sur cette indécision.
Détaillons le chemin.
Joanna Bailie, armée de ses microphones, semble vouloir nous faire entendre le son du monde entier. Non pas en y opérant un prélèvement, comme l’a tenté John Cage. Il ne s’agit pas ici de dévoiler le « réel » comme paysage sonore digne d’intérêt, mais de le voiler un peu plus encore, juste un petit peu plus, d’y appliquer la fine toile d’une gaze électronique et instrumentale qui en modèle les contours. Et voilà : l’oreille se met aux aguets.
« Certains jardins traditionnels au Japon sont conçus pour établir une relation entre l’intérieur du temple et le paysage en arrière-fond ; ils relient intimement le lieu de méditation, de concentration sur la pensée, et l’extérieur, invitant à une plus grande attention au monde environnant. (...) Les matériaux musicaux de Germination empruntent au monde végétal. L’idée rythmique de la pièce, à petite et grande échelle, a pour modèle la vitesse de la croissance des racines. Les lignes mélodiques bifurquent et se ramifient », écrit Jean-Luc Hervé. Idée merveilleuse : au bout de son processus de « germination » sonore, l’œuvre est prise en relais par une installation végétale et délicatement bruitiste, dans laquelle l’auditeur est invité à se perdre.
Michael Schmid (flûtiste d’Ictus) et Christiane Huber ont constitué un « choeur » d’amateurs de la région lilloise. Ils ont travaillé des techniques de respiration issues de différentes traditions. « Le souffle est doté d’un large registre de caractéristiques tactiles, soniques et vibratoires. Les membres du Breathcore, en laissant résonner leur souffle, déploient tout un paysage sonore fait de vaporisations respiratoires », écrit-il. Il évoque des « signatures soufflées », des « présences diffuses ».
La danseuse et chorégraphe Fumiyo Ikeda nous convoque au coeur de l'art de Morton Feldman (1926-1987) : une oeuvre de 80 minutes pour piano et cordes, à très basse intensité sonore, irradiant une lumière calme. Ikeda partage l'espace de ses camarades instrumentistes. Les « répétitions inexactes » de ses mouvements sculptent doucement l'espace, comme la musique de Feldman le fait du temps. Tissage du familier et de l'imprévisible où la mémoire déambule, s'égare, et finalement se laisse vaincre.
Rainbow in a Curved Air, de Terry Riley, clôture la soirée par un vertige minimaliste et répétitif de couleur très pop. L’art du canon, hérité de la la tradition classique, ne se distingue plus ici des effets de bouclage produits par les chambres d’écho électroniques. Tout se dédouble, se stratifie, se combine en couches où l’auditeur, une fois de plus ... est invité à composer son chemin. C’est qu’il en fallait, de bonnes chaussures ! Vous aurez mérité une bonne nuit de sommeil réparateur. Bonne écoute en notre jardin, et à bientôt.
JLP.
EN BREF
BAILIE : THE PLACE YOU CAN HEAR
L’ordinateur, en temps réel, filtre les bruits du dehors et les passe au travers d’accords musicaux.
— D’accord, mais est-ce encore de la mus...
— Chut ! Ecoute !
BAILIE : SYMPHONY STREET SOUVENIR
Imiter la nature ? — Non. Ré-inventer le monde ? — Non plus.
Capturer la rumeur du monde, alors, et la resynthétiser comme on raconte un rêve ? — Tu brûles.
HERVE/VERSPIEREN : GERMINATIONS
Une musique bourgeonnante comme la vie même. Au point de vouloir à la fin s’échapper de la salle de concert. Les portes s’ouvrent alors, dévoilant l’installation végétale d’Astrid Verspieren : la promenade commence.
SCHMID : BREATHCORE
« Communication non-verbale », dit Michael Schmid au sujet de ce travail collectif sur le souffle, considéré comme la première des puissances humaines.
FELDMAN/IKEDA : PIANO & STRING QUARTET
Un piano. Un quatuor à cordes. Et le « sixième musicien » : une danseuse. Tout se répète — à moins que rien ne se répète jamais. « Ne demande jamais ton chemin à quelqu'un qui le connaît. Tu risquerais de ne pas te perdre », disait déjà le rabbin Nachman de Breslev.
TERRY RILEY : RAINBOW IN CURVED AIR
Pop ou classique ? Ecrit ou improvisé ? Immobile ou foisonnant ? L’ambigüité est maintenant à son maximum. C’est que les douze coups de minuit ne sont pas loin.
Agenda for this project
- Date Show Location
-
Fri 03.02 Jardin des Secrets Opera - Lille - France