WORKS
Georges Aperghis: Zig Bang,
2004, solo voice, « Presto »
Georges Aperghis: Récitations, 1978,
solo voice, No. 12
Georges Aperghis: Retrouvailles, 2013,
two percussionists
Georges Aperghis: Zig Bang, 2004,
two voices, « Conversation »
John Cage: Living Room Music, 1940,
quartet, No. 1
Mark Applebaum: Aphasia, 2009,
one musician and audio file
Georges Aperghis: Les sept crimes de l’amour, 1979,
voice, percussion and clarinet
Robin Hoffmann: Birkhan Study, 2005,
a musician playing a birdcall
Georges Aperghis: Récitations, 1978,
solo voice, No. 11
John Cage: Living Room Music, 1940,
quartet, No. 2
CAST
Simon Florin, percussion
Lucas Messler, percussion
Maris Pajuste, voice
Martijn Susla, clarinet
Aperghis single-handedly incorporates the return to body as well as the return to language in contemporary music. It babbles and sings, it moves and plays, it is all virtuosic, impulsive and machine-like at the same time.
The friends of Ictus will be reunited with their beloved Aperghis, himself reunited with his beloved Lille Opera. In seven short pieces the level of strangeness will reach such a critical point that no one will be able to find their way around anymore.
Aperghis belichaamt op zijn eentje een terugkeer naar het lichamelijke van de hedendaagse muziek, tegelijk met een terugkeer naar het talige. Het babbelt en zingt, beweegt en speelt. Het is virtuoos, impulsief en mechanisch tegelijk.
Voor de Ictus collega's is het een aangenaam weerzien met Aperghis, die op zijn beurt terugkeert naar zijn geliefde tempel van de 'Opéra de Lille'. Doorheen zeven korte stukken zal de bevreemding zo'n kritische drempel bereiken dat vermoedelijk niemand nog de uitweg terugvindt !
Note
pour le public de l'Opéra de Lille
Le metteur en scène Antoine Gindt écrivait un jour de Georges Aperghis qu’il était capable, comme personne d’autre, « d’ouvrir des horizons inespérés de vitalité et d'aisance à ses interprètes ». Rien n’est plus exact ! Les partitions d’Aperghis sont toujours une invitation faite aux musiciens de jouer et de se surpasser, de mâchonner la partition et d’occuper la scène à leur manière. S’il est vrai, comme l’écrivait Jacques Rancière, qu’il n’y a d’intelligence que celle qu’on prête aux autres — alors Aperghis est le plus intelligent de tous !
Il y a comme un primitivisme chez lui, une étrange impression de première fois, de contact avec les débuts du monde et l’invention du langage. Ça babille, ça chante, ça bouge. C’est tout à la fois virtuose, pulsionnel et machinique. Toujours un peu animal, aussi : la machinerie aperghienne interroge avec humour le fait si étrange d’être un « humain », un « individu ». Est-ce si simple ? Sur la scène du théâtre aperghien, chaque corps est traversé de multiples voix. Chacun est beaucoup. Le percussionniste parle, la chanteuse joue, et personne n’est exactement à la place où on l’y attendait.
« Faites musique de tout » : tel a toujours été l’enseignement distillé par l’œuvre d’Aperghis. Tous les personnages mis en scène dans le programme de ce soir sont à la mesure de ce mot d’ordre : le musicien-machine de Mark Appelbaum, cette boule de nerfs qu’on croirait tout droit sortie d’un dessin animé de Tex Avery ; ou le musicien-oiseau de Robin Hoffmann ; et bien entendu les flegmatiques poètes sonores inventés par John Cage, en 1940 déjà…
Si le concert est titré RETROUVAILLES, c’est aussi qu’il renvoie à un événement qui a marqué les mémoires, peu après la ré-ouverture de l’Opéra de Lille en 2003 : l’opéra d’Aperghis Avis de Tempête (2004), visionnaire et déchaîné, écrit pour Ictus quelques années avant la crise des subprimes — vingt ans déjà, et pas une ride ! Sans doute l’écoutera-t-on encore dans cent ans pour décrypter le fol aveuglement d’une époque.
Bonne soirée et bonne écoute ! Et n’hésitez pas à venir nous parler après le concert, si quelque chose vous démange (ou vous irrite) (ou va a plu) (ou tout cela à la fois).
Mai 2024