BOZAR, NOVEMBER 25th, 2014
Ars Musica Festival
STEVE REICH
Music for Eighteen Musicians,
(ca 60', 1976)
Georges-Elie Octors : musical director
Synergy vocals (Caroline Jaya-Ratnam, Amanda Morrison, Julia Batchelor, Joanna Forbes L’Estrange)
PERCUSSION
Miquel Bernat, Tom De Cock, Georges-Elie Octors, Gerrit Nulens, Jessica Ryckewaert, Géry Cambier, Michael Weilacher
PIANO
Jean-Luc Fafchamps, Stéphane Ginsburgh, Laurence Cornez, Fabian Fiorini
OTHERS
Carlos Galvez and Dirk Descheemaeeker, clarinets, bass clarinets
Igor Semenoff, violin
Geert de Bièvre, cello
READ MORE : Note by Steve Reich
TERRY RILEY
A Rainbow in Curved Air,
(ca 30', 1969)
ELECTRIC KEYBOARDS
Jean-Luc Plouvier, Jean-Luc Fafchamps
PERCUSSION
Georges-Elie Octors
SOPRANO SAXOPHONE
Dirk Descheemaeker
ELECTRIC GUITAR
Kobe Van Cauwenberghe
Stage : Wilfried Van Dyck
**Sound : Alexandre Fostier
Coproduction : Bozar, Ars Musica
On the occasion of the Ars Musica Festival with its focus on American minimalism, Ictus and the vocal quartet Synergy return to a great classic for what is sure to be an excellent performance, especially after working with the composer himself: ‘Music for Eighteen Musicians’ by Steve Reich (1976). A rich but crystalline musical texture – an interweaving of female voices, four pianos, an impressive battery of keyboard percussion instruments and two bass clarinets – gradually unfolds in the course of an hour, against the background of an irresistible stereophonic pulsation.
As an after-concert, the same day, in the Horta hall, another classic of minimalism will be performed: ‘A Rainbow in Curved Air’ by Terry Riley (1969). This little-known work is a little hippy gem for electric organ, soprano saxophone and percussion, its motifs swirling to the point of vertigo in the echo chambers.
De focus op het Amerikaanse minimalisme van het Ars Musica festival was een uitstekend excuus om samen met de Synergy Vocals een klassieker te hernemen die Ictus bijzonder goed ligt: Music for Eighteen Musicians van Steve Reich, een monument uit de tweede helft van de vorige eeuw. Met dit van begin tot einde fascinerende werk ontsnapte het minimalisme aan de marginaliteit. Ictus, met heel wat ervaring ter zake, geeft het ritme aan in het gezelschap van Synergy Vocals, een combinatie door Reich zelf aanbevolen!
Na het concert wordt er diezelfde dag in de Hortazaal nog een andere, in vergetelheid geraakte klassieker van het minimalisme opgevoerd: A Rainbow in Curved Air van Terry Riley (1969), een hippyjuweeltje”, hier in een versie voor elektrische orgels, sopraan saxofoon en slagwerk. Op basis van de opname, de kalligrafische partituur en een aantal aantekeningen van de componist reconstrueert Ictus deze duizelingwekkende trip, met de nodige sampling, echo en delay.
Music for 18 Musicians is een werk van één uur voor zes percussionisten, vier piano’s, viool, cello, twee basklarinetten en een vocaal kwartet. Minimalisme op zijn best: niets wordt weggemoffeld, alle kaarten liggen meteen op tafel: de ritmes, de harmonieën, en de processen die alles transformeren. En toch geeft het stuk zijn geheim niet prijs. De wijziging van één enkele noot in een akkoord klinkt als een ontstellende modulatie, en de inzet van een nieuw instrument als een ongehoorde belevenis.
"Even when all the cards are on the table and everyone hears what is gradually happening in a musical process, there are still enough mysteries to satisfy all." (S.R.)
A l’occasion du festival Ars Musica et de son coup de projecteur sur le minimalisme américain, Ictus et le quatuor vocal Synergy reprennent un grand classique où ils excellent, après l’avoir travaillé avec le compositeur lui-même : Music for Eighteen Musicians de Steve Reich (1976). Une texture musicale riche mais cristalline - où s’entremêlent les voix de femmes, quatre pianos, un large arsenal de percussions à claviers et deux clarinettes basses - se transforme graduellement pendant près d’une heure, sur fond d’une irrésistible pulsation stéréophonique.
En après-concert, le même jour, dans la Hall Horta : reprise d’un autre classique du minimalisme, injustement méconnu cette fois : A Rainbow in Curved Air de Terry Riley (1969), petit bijou hippy pour orgues électriques, saxophone soprano et percussion, dont les motifs tournent jusqu’au vertige dans les chambres d’écho.
Terminée en 1976, Music for 18 Musicians est le chef d’œuvre insurpassé de Steve Reich. Toute l’oeuvre (d'une heure environ) se soutient d’un clignotement rythmique stroboscopique, hypnotique et ultra-rapide de claviers, sur lequel se greffent des vagues d’harmonies pulsées par les clarinettes basses, doublées par le "scat" irréel des voix de femmes. Puis : lente montée des rythmes, construction des motifs, surgissement de canons et de textures, donnant à l’auditeur l’impression d’assister à la métamorphose d’un nuage — clarté et rêverie, étroitement emmêlés.
Couvrant la scène : six percussions à claviers (marimbas, xylophones, vibraphones), quatre pianos, un violon, un violoncelle, deux clarinettes basses et un quatuor de voix de femmes - tous amplifiés et mixés. Sans chef, les oreilles grandes ouvertes, les musiciens circulent et passent d'un instrument à l'autre (le joueur de marimba rejoignant un pianiste pour un épisode à quatre mains, avant de prendre le xylophone, etc.).
Triomphe du minimalisme : rien n’est caché, tout est mis d’emblée sur la table, les rythmes, les harmonies et les processus qui les transforment. Et pourtant, l’œuvre garde son secret. Le changement d’une seule note dans l’harmonie sonne comme une modulation bouleversante ; et l’entrée d’un nouvel instrument comme un fabuleux scandale (1). D’où le succès critique et public qui accueillit cette œuvre lors de sa création – contemporaine de l’opéra Einstein on the Beach de Philip Glass – qui signait l’échappée du minimalisme hors du ghetto de la scène underground.
(1) "Even when all the cards are on the table and everyone hears what is gradually happening in a musical process, there are still enough mysteries to satisfy all." (S.R.)
Même si vous mettez toutes les cartes sur table, et que chacun entend toutes les étapes du processus musical, il y aura toujours assez de mystère pour satisfaire tout le monde.